Impressions chinoises : pour un meilleur aménagement du territoire

Publié le par Ia Ora Te Fenua Web

Au départ, c’était  une idée.  Et, très vite on achète les billets. Profitant des promotions commerciales, nous voilà en route vers l’inconnu. Nous avons deux objectifs à ce voyage : celui de découvrir une civilisation millénaire qui réussit son entrée dans la société moderne, mais aussi de visiter ce lieu éphémère dédié à l’amélioration des conditions de vie dans les villes de notre planète.


Nous choisissons d’arriver sur China Main Land par la route car effectivement, l’entrée via Hong Kong, nous permet de découvrir cet archipel incroyable. Le paysage respire un contraste auquel nous ne sommes pas du tout préparés. Il y a la mer, parsemée de bateaux de toutes tailles qui attendent de pouvoir accoster et procéder à leur déchargement. Il y a ces « radeaux » à perte de vue entre les îles qui sont en fait des « fermes aquacoles ». Il y a la terre, ces îles qui exhibent leurs montagnes d’un vert intense, presque vierges de toutes constructions. Entre mer et montagne, les plaines sont littéralement infestées de béton. Pour répondre au besoin de sa très nombreuse population et à ceux de ses visiteurs, la ville est verticale. Toute la plaine est couverte d’immeubles d’environ quinze étages au milieu desquels s’élèvent des bouquets d’immeubles de plus de trente étages. Autour, ça respire la nature préservée ; quel contraste !


Les quatre heures de bus pour arriver à notre première destination est l’occasion d’apprécier l’efficacité administrative de ce pays. Franchir la frontière chinoise n’est vraiment qu’une formalité. Passée la porte, le voyage devient monotone. Sans diversité autre qu’une succession de zones urbanisées et de zones rurales. Il faut reconnaître que les fondamentaux de l’aménagement de l’espace sont ici mis en pratique. J’ai l’impression que les habitants de ces petites villes profitent d’avoir tout autour d’eux, les fruits, les légumes, la viande dont ils ont besoin à minima.


Nous passerons quelques jours dans une ville étonnante. C’est exprès que j’en tais le nom car elle est organisée suivant une méthode implacable. Nous apprendrons que le gouvernement s’assure que le Sud du Pays devienne l’équivalent d’une vitrine des savoirs-faires repoussant toutes les activités polluantes comme les industries vers le Nord du Pays. Par ailleurs, afin de répondre mieux aux exigences des Pays occidentaux qui attendent de la chine qu’elle leur produise à moindre coût tout ce dont ils ont besoin. Nous découvrirons que les villes chinoises ont des spécialités. Celle où nous sommes est spécialisée dans le carrelage. Bien sûr, on trouve de tout mais surtout du carrelage.


Son urbanisme est concentrique c’est-à-dire qu’il s’est développé autour d’un centre historique entouré des anneaux de banlieues. Le centre demeure pittoresque, charmant, on y retrouve nos AH KIAU, Chong Fat et autres petites échoppes de largement ouvertes sur la rue, regorgeant d’articles et … de carrelages. Toutes les rues sont arborées avec des « acacias ». Il y en a tout le long des nouvelles routes. Les banlieues ont deux échelles. Le premier cercle constitue une vaste zone industrielle à l’image de ce qui se trouve autour de toutes les grandes capitales du monde. Le second cercle est un nouveau modèle de zone industrielle. Les ilots y sont démesurés et les show-rooms qui y sont construits tellement grands qu’il faudrait plusieurs jours pour les parcourir entièrement. Devant tant de démesure, nous prenons conscience que la Chine s’est organisée et qu’elle parvient parfaitement à répondre aux attentes du monde. Elle nous supplante tous sur l’utilisation de son territoire. De tels aménagements sont le fruit de la volonté politique d’un gouvernement mais aussi les nouveaux lieux de travail d’une population qui n’a pas encore droit au dimanche chômé et qui n’hésite pas à travailler quatorze heures par jour pour s’en sortir. La suite de notre voyage, nous fait découvrir à quel point ce Pays se nourrit de ce qui se fait à travers le monde. Sa capitale économique Shangaï n’en finit plus de dévoiler les richesses de cette culture millénaire à travers des parcs, des arbres centenaires, des rues aux bâtisses remplies d’histoire et couvertes de tuiles aux formes si particulières, des bouddhas ancestraux,… Toutes ces marques du passé sont conservées et même valorisées au milieu des immeubles du XXème siècle et des grattes ciel du XXIème siècle. Notre premier objectif est atteint : oui la Chine est moderne et oui la Chine préserve ses traditions.


Seulement le défi planétaire de réduire les impacts de l’action humaine sur l’environnement fait-il partie des objectifs fixés par le gouvernement chinois ? Il suffit de se rendre sur le site de l’exposition universelle pour s’en convaincre. 5.5 kilomètres carrés dédiés à la démonstration par les Pays participants de leurs savoirs-faires et de leurs expériences dans les domaines du développement durable. Du monde partout, enfin nous retrouvons les traits familiers des caucasiens et autres africains au milieu de ce berceau d’asiatiques. Tous ont pourtant les mêmes comportements dans cet environnement fabriqué de toute pièce. Ils jettent leurs ordures dans les poubelles. Ils font la queue patiemment, ils se sourient et rigolent aux éclats devant les spectacles spontanés : les sens sont universels. Ce thème de « meilleure ville, meilleure vie » est une formidable trouvaille. Tous les pays sont concernés. Merci à tous ceux qui nourrissent les améliorations de nos cadres de vie en inventant les véhicules électriques, en développant la préservation et la maîtrise de l’eau en recherchant à réduire les impacts des mines à ciel ouvert en allant vers des matériaux de substitutions. Nous n’avons pas eu le temps de visiter tous les pavillons alors nous décidons de faire le tour des pavillons thématiques qui traitent de l’urbanisme, comment la ville représente un vrai danger pour les espaces naturels si son développement n’est pas maîtrisé et si son évolution n’est pas planifiée. Nous apprenons que toutes les capitales du monde ont au moins multiplié par 12 leur population en 100 ans. Chacune d’elle a son plan de développement et pose les limites de ses capacités d’accueil. Elles échangent entre elles leurs expériences en logement social écologique, en moyens de transports collectifs.


Ce voyage, nous aura fait prendre conscience à quel point la Polynésie française est à l’écart de la mondialisation. Une situation dont les avantages sont nombreux et le premier d’entre eux est de bénéficier d’un environnement encore préservé mais pour combien de temps encore ? Mais dont les inconvénients sont aussi conséquents et le premier d’entre eux est que nous devons davantage prendre conscience de la nécessité de protéger notre environnement.

 

Teikinui PORLIER

Publié dans ACTU-NEWSLETTER

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